De toutes les pièces de notre maison, le studio reste le plus… spontané. Lorsque j’y pénètre enfin, c’est pour m’installer devant l’ordinateur et distiller ma colère, mes frustrations et mes joies dans les phrases qui trébuchent, futiles et incongrues sauf pour ceux qui prendront le temps de s’y arrêter et d’y trouver une signification. Ou bien je choisis quelques rameaux pour construire un panier ou des couleurs pour un dessin. J’y accumule des matériaux : des branches, des feuilles, des aiguilles de pin, des cartons, des fruits étranges, de vieux T-shirts, du papier, des canevas, des crayons et des tubes de peinture. J’arrange mon butin avec méthode ou, le plus souvent, le dépose au hasard, car, lorsque j’entre dans le studio, je me sens investie d’une mission, et cette mission n’a rien à voir avec le rangement.
Pourtant, le chaos qui m’entoure finit par grignoter mon équilibre jusqu’au moment où, rendue nauséeuse par cette débauche d’anarchie, je décide de prendre les choses en main. J’ai déjà publié un billet sur ce sujet dans mon blog d’artiste et je réalise que ce problème cyclique ne me quittera jamais. Il reviendra comme la marée montante pour engloutir tout l’espace disponible, avant de se retirer. Mais, contrairement à la marée, qui se débrouille très bien toute seule, le désordre nécessitera une intervention de ma part. Je me sens prête.
Et vous ? Possédez-vous une pièce sauvage et farouche que vous désirez domestiquer ? On s’y met ensemble ? Pas à pas, sans la brusquer et sans s’épuiser non plus, puisqu’après tout, notre but n’est pas de s’enorgueillir d’une maison impeccable, mais de jouir d’une vie intéressante.
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