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Photo du rédacteurL.M. Rapp

Rien n’est vrai, tout est permis


Yellow lily painting on a newspaper background
Même submergés de nouvelles déprimantes, se souvenir des belles choses…

Aujourd’hui, je vous propose deux histoires très courtes que j’ai rédigées dans le cadre du Bœuf Contreforme. J’avais trouvé ma première idée, « Bam, Bambi, Trèfle », trop compliquée à écrire, et me suis donc rabattue sur « Une question de point de vue ». Mais cette première idée m’a turlupinée jusqu’à ce que j’en fasse l’essai.

Pas de Fantasy cette fois, mais des textes basés sur la réalité. Triste réalité… Certains lecteurs surpris, choqués même, par la violence ou la cruauté décrites dans « Une effroyable beauté », me demandent, d’un air concerné, où je puise mon inspiration. C’est très simple. Il suffit de parcourir la presse ou de surfer sur internet pour tomber sur les témoignages les plus sinistres.

Le premier texte est donc tiré d’un fait divers et le deuxième de la décision d’insérer le pronom « iel » dans un dictionnaire français.


Question de point de vue

« Vous appelez ça des viols, vous ?

— Et bien, les victimes n’avaient pas donné leur consentement.

— N’essayez pas de m’embrouiller avec vos termes judiciaires. Je vois, à votre alliance, que vous êtes marié. Heureux ? La vie de couple vous convient-elle ?

— Plutôt… Oui.

— Et bien, je ne vous crois pas. Vous prétendez aimer votre épouse parce que vous avez été conditionné. La voilà, la véritable violence ! Vous êtes un homosexuel refoulé, une victime de la société patriarcale qui promeut la reproduction aux dépens de l’authenticité. Vous souffrez d’une homophobie qui vous empêche d’exprimer vos goûts les plus profonds. Je peux vous aider… comme j’en ai aidé d’autres avant vous.

— Beaucoup d’autres… d’après les vidéos que la police a trouvées dans votre téléphone. Vous voulez en parler ?

— Ne tenez pas compte des propos de la police ou des médias. Il s’agissait d’un jeu… Ils prétendaient être endormis ou morts…

— Certains ronflaient. C’est pousser loin l’imitation tout de même.

— Ils auraient dû me remercier… Transformer les hétérosexuels demande de l’endurance et du dévouement. On aurait pu apprécier mes efforts… D’ailleurs… voilà, je vous le dis, vous me plaisez. Votre sourire, ensorceleur… Vos yeux… Vous savez jouer de votre charme… Nous sommes seuls… Les gardiens ne nous dérangeront pas, ils ont pris l’habitude de ces séances qui se déroulent toujours sans incident…

— Désolé… Je préfère m’en tenir à ce que je connais, mais j’imagine qu’en prison vous avez pu vérifier vos théories avec des hommes moins candides ou plus réceptifs. Revenons plutôt à…

— Je vous assure que vous ratez une occasion. Ces actes, d’abord étranges et répugnants, deviennent familiers, puis ils vous obsèdent, vous fascinent, vous envahissent comme un chien qui lèche sa plaie jusqu’à l’enflammer et la rendre purulente. On finit par aimer ce que l’on nous impose… Mon père m’a enseigné cette leçon. »


Ce texte a été inspiré par un fait divers, dont voici le lien vers Wikipédia. L’implication du père est imaginaire.


Bam, Bambi, Trèfle

« Ce n’est vraiment pas compliqué ! Bam ne sais pas pourquoi les gens s’en offusquent ou se moquent. Le Robert, dans un acte courageux, a enfin intégré le pronom “iel” mais, à bamon avis, cela reste insuffisant. Pourquoi se contenter d’un nombre défini de pronoms, alors que l’identité de chacun se décline dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ? Dans une société qui associe l’apparence avec une identité de genre, il est réconfortant, pour les personnes transgenres, de contrecarrer ces assomptions et de voir que les cisgenres s’efforcent de les imiter. Chacun devrait donc déclarer ses prénoms avant de se présenter. Et voilà comment procéder. Bam m’appelle Trèfle, et bam utilise les pronoms Bambi et Bam. Bam ai choisi Trèfle pour la tendresse et le message d’espoir qu’il évoque et parce que, Philippe — on se demande pourquoi nos géniteurs, quels qu’ils soient, détiennent un tel pouvoir, celui de nous nommer pour toute notre existence sans avoir obtenu notre consentement préalable — ne àbam correspondait plus du tout. Du moins, à l’intérieur… Oui, bam sais… bamon apparence — barbe et survêtement — peut prêter à confusion, mais bam n’ai pas l’intention d’en changer. Bam le précise pour certaines personnes à l’esprit rigide qui s’imaginent que bam vais entreprendre un traitement hormonal ou subir des opérations chirurgicales. Pas du tout ! Puisque l’identité relève du ressenti, elle n’a aucun rapport avec l’apparence. Voilà, vous commencez à comprendre… Allez, à votre tour de vous présenter ! »

je : bam

il : bambi

me : àbam

mon : bamon

mes : bames

le mien : bamien

moi-même : bam-même


Ce texte est inspiré de faits réels : déjà aux États-Unis et bientôt en France.


J’espère que cette lecture vous a intéressé et je profite de ce bulletin pour vous souhaiter une bonne et heureuse année !

À bientôt,

L.M. Rapp


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